Les Plaideurs (1669)
RÉSUMÉ
Acte I
Dans «une ville de Basse-Normandie», Petit Jean, le portier du juge Perrin Dandin, indique qu’il doit veiller
sur son maître, qui est atteint de la singulière manie de juger à tort et à
travers sans discontinuer, poussant jusqu'au délire sa passion pour les procès.
Son fils, le jeune Léandre, bien peiné de cette folie, essaie par tous les
moyens de le rendre à la raison. Assisté par le secrétaire, l'lntimé, et par le
portier, dont le dévouement lui est tout acquis, il veut l'empêcher de se
rendre au Palais, l’assigne même à résidence. Le vieux maniaque essaie, mais en
vain, de déjouer la garde du domestique en sautant par la fenêtre. D’autre
part, toujours avec l’aide de l’Intimé, Léandre ourdit un stratagème pour
entrer en communication avec Isabelle, pour laquelle il nourrit un tendre
sentiment, mais que séquestre son père, le bourgeois Chicanneau, qui a en effet
l’esprit de «chicane». Léandre veut
demander la main de la jeune fille, mais craint d'être rebuté par ce plaideur
endurci, qui n'entend fréquenter que des gens de justice. Cependant, l'lntimé lui
promet de leurrer Chicanneau, qui s’est, entre temps, pris de querelle avec une
grande dame, Yolande Cudasne, «comtesse
de Pimbesche, Orbesche et autres lieux», elle aussi entichée de procès qu'elle
accumule à plaisir, ne voulant les terminer que le plus tard possible. Tous
deux, pour obtenir audience, assiègent la maison où Dandin est retenu par ses
gardes du corps. Ils se confient mutuellement leurs griefs contre la justice,
mais finissent par tourner l’un contre l’autre leur humeur chicanière, échangent
des mots un peu vifs, et se prennent de querelle.
Acte II
Comme on ne peut entrer chez
Chicanneau sans être homme de loi, l’Intimé se déguise en huissier, et, sous
prétexte de lui remettre une sommation, glisse à Isabelle un billet de Léandre.
Chicanneau survenant, il lui remet la sommation qui est au nom de la comtesse. Léandre
se présente, déguisé en commissaire, et impose un interrogatoire en règle, que
Chicanneau croit justifié par ses démêlés avec la comtesse. À son issue, les
deux complices lui font signer un procès-verbal qui, prétendument, règle cette
affaire. Mais c’est en fait une promesse de mariage en bonne et due forme. Dandin,
qui a déjoué la surveillance de son garde, comme une marionnette apparaît et
disparaît à plusieurs endroits de la maison ; ainsi, enfermé dans le grenier, il
passe la tête par la lucarne pour entendre les deux plaideurs, Chicanneau et la
comtesse, venus lui exposer leur différend ; mis à la cave, il se montre au
soupirail pour reprendre le cours de I'affaire. On réussit à se débarrasser de
la comtesse en la poussant à bout, et à retenir dans la maison Chicanneau et
Dandin. Léandre, lassé par l’inépuisable lubie de son père, lui propose d’y
rendre justice, d’y juger sa famille et ses domestiques. Le vieillard oppose
d’abord quelque résistance, mais consent quand on lui rapporte un cas pendable
qui le décide tout à fait : Citron, son chien, vient de dévorer un «chapon». Il n'y tient plus : il
siège à son tribunal, et nomme aussitôt Petit Jean «demandeur», et I'lntimé, «défendeur».
Acte III
Léandre, ayant promis à Chicanneau qu'on lui rendra justice ainsi qu'à
sa fille, rassuré, il va la chercher. Pendant ce temps-là, chez Dandin, se
déroule le procès burlesque du chien Citron. Petit Jean est aidé par le souffleur,
mais s'embrouille dans sa harangue, tandis que I'lntimé s'aventure dans un
plaidoyer des plus emphatiques : après avoir invoqué I'autorité d'Aristote,
avoir fait moult citations érudites qui n'ont évidemment aucun rapport avec le
sujet, avoir parodié certains mots célèbres, il évoque I'affaire en un crescendo
fort pathétique, et dans un jargon parfaitement imité de celui du Palais ; puis
il annonce ses conclusions, mais se lance encore dans une tirade que le
malheureux juge essaie d'enrayer, avant de s'endormir. Dans une admirable péroraison,
I'Intimé en appelle à la pitié du juge à l’égard des chiots. Dandin se
réveille, et condamne le chien Citron aux galères. Léandre présente alors à son
père la promesse de mariage avec sa fille qu’il a fait signer à Chicanneau. Dandin
donne son arrêt : le document est valide, et le mariage aura lieu ! Et, le juge
étant alors incliné à I'indulgence, Citron est gracié.