Histoire de la littérature française
La Renaissance
La Renaissance est un vaste mouvement culturel, un essor intellectuel provoqué par le retour aux idées et à l’art antiques gréco-latins, que l’on discerne déjà en Italie au XIVe siècle. En fait, on abandonne explicitement les valeurs médiévales, liées à la féodalité, et on tente de faire renaître les valeurs de l’Antiquité dans la civilisation européenne. Les hommes de la Renaissance ont une ferme volonté de faire revivre la culture antique sous tous ses aspects – avant tout par l’art, puisque l’aspect artistique est perçu comme un moteur de progrès pour l’humanité –, ce qui se traduit surtout par un retour aux canons artistiques et aux thèmes gréco-latins. L’homme a une conscience aiguë et nouvelle du rapport que l’art entretient avec son époque et celles qui l’ont précédée, c’est pourquoi la production artistique est au centre de cette « résurrection ».
Les hommes de la Renaissance, pour la première fois de l’histoire, ont parfaitement conscience d’appartenir à une époque historique particulière, en rupture avec le Moyen Âge, mais héritière directe de l’Antiquité. De cette prise de conscience naît un enthousiasme nouveau pour la redécouverte des anciens savoirs et leur confrontation avec les récentes découvertes scientifiques. En fait, depuis des siècles, l’Église est le maître à penser de l’Europe, et elle a adopté les conceptions scientifiques d’Aristote. La Renaissance, glorification de l’Antiquité, trouve tout ce dont elle a besoin comme explications scientifiques dans la traduction d’Aristote (de la botanique à la géologie en passant par la géographie). C’est un peu contre Aristote que se développera la pensée moderne. Le Polonais Copernic (1473-1543) est le premier à remettre en cause le système géocentrique d’Aristote en proposant un système où les planètes gravitent autour du soleil, sur des orbites circulaires. Il jettera ainsi les bases pour l’Italien Galilée (1564-1642).
Mais ces nouvelles idées suscitent une résistance passionnée – dont le procès de Galilée est sans doute l’épisode le plus célèbre. En effet, l’Église sent son autorité, sa puissance menacée par ces remises en cause de sa Vérité.
L’esprit de l’homme de la Renaissance est caractérisé par un fort désir d’intériorité. En effet, fort de sa « nouvelle vie » qui ne tourne plus autour de ses relations avec son seigneur, l’homme se découvre comme une personne. Plus encore, il se découvre comme une personne digne d’intérêt : ce n’est plus Dieu, mais l’homme qui est au centre des réflexions des savants. Et cet homme a un nouveau rapport au monde : il a un nouvel appétit de vivre, il refuse une vie abstraite et théorique et souhaite expérimenter. Ce n’est probablement pas étranger à ce fait si la Renaissance est le début de l’ère des grandes découvertes, si on y invente l’imprimerie (Gutenberg est le premier à penser à mécaniser l’impression), entre autres.
L’écrivain de la Renaissance, comme tous les intellectuels, est profondément marqué par l’apparition du livre imprimé. Il faut dire que l’automatisation de l’impression marque si profondément la Renaissance qu’on peut se demander si elle aurait eu le même retentissement sans elle. Ainsi, la large diffusion des livres que permet l’imprimerie fait non seulement augmenter considérablement l’influence et la renommée des auteurs, mais elle leur permet aussi d’enrichir leur travail par un accès plus facile aux idées, aux histoires et au style des autres écrivains.
Enfin, la littérature n’est plus réservée à quelques érudits qui ont accès à de trop rares manuscrits ! D’ailleurs, s’ils demeurent toujours une minorité, les intellectuels forment un groupe beaucoup plus vaste et diversifié qu’au Moyen Âge, et qui s’intéresse à davantage d’objets d’études : œuvres littéraires françaises, italiennes, anglaises, grecques, latines, mais aussi théologie, philosophie, droit, sciences, philologie, etc. Bien qu’ils soient encore souvent des clercs, les savants se consacrent de plus en plus au développement d’une pensée laïque et d’une littérature profane.
L’écrivain de la Renaissance participe du même coup à l’enrichissement du français : il contribue à fixer l’orthographe, la grammaire, la syntaxe. C’est en effet à cette époque d’affirmation d’une culture nationale que s’écrivent les premiers dictionnaires – qui sont alors bilingues (en France, le premier grand dictionnaire, de Robert Estienne, français-latin, date de 1538). Rabelais plus que tout autre a joué un rôle de premier plan, puisqu’il a fait entrer dans la langue française des centaines de mots, et que plusieurs de ses proverbes et de ses expressions sont encores connus aujourd’hui et repris dans les dictionnaires pour illustrer l’utilisation de certains mots.
Si la principale caractéristique de la littérature de la Renaissance est sans doute l’abondance des références à l’Antiquité, l’écrivain du XVIe siècle s’inspire aussi des événements de son époque ou des œuvres de ses contemporains. C’est en effet le mélange d’ancien et de nouveau qui favorise la Renaissance des arts et des lettres. C’est ainsi que l’on sent l’influence de la poésie de Pétrarque dans les vers de Louise Labé, que Montaigne parle des cannibales du Nouveau Monde, que Rabelais présente un programme d’éducation humaniste dans sonGargantua, ou que Marguerite de Navarre peint les mœurs amoureuses des nobles dans ses écrits.
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